Sur la proposition de Bénédicte Degioanni, notre présidente, et avec l’assentiment unanime du conseil d’administration, Jacques Auriau est promu en ce début d’année 2021 membre d’honneur de la Société d’Astronomie Populaire de la Côte Basque. Pour les nouveaux de l’association qui l’ont peu, ou pas, connu, je vais essayer de faire une brève rétrospective.
L’astronomie, une passion dévorante
Alors que Jacques travaillait encore chez Dassault et n’était qu’un simple adhérent de l’association, l’ancien président Victor Aguerre l’a initié à l’astronomie et à l’animation selon les principes des Ceméa (Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation Active) – qui mettent en avant l’importance de l’expérience personnelle dans tout apprentissage. Quittant son emploi, il est devenu salarié de l’association, sa passion pour l’astronomie étant tellement forte que, disait-il, il aurait même œuvré bénévolement pour l’assouvir ! Ainsi, pendant plus de vingt ans, il a formé des milliers de jeunes, mettant à profit ses connaissances dans le dessin, la mécanique et l’électronique pour créer des animations originales qui ont enchanté petits et grands.
La mer et la Lune
La mer est une autre de ses passions et la Lune, qui engendre les marées, sa « maîtresse », dont il sait décrire le moindre relief, le moindre mouvement, et les nombreuses incidences de sa présence auprès de la Terre. Pour donner le goût de l’observation aux plus jeunes, il leur faisait découvrir la silhouette de Pinocchio shootant dans son ballon, citant incidemment, à l’attention des enseignants, le nom des mers correspondantes ! Durant des années, près du bassin des phoques sur la terrasse du musée de la mer à Biarritz, il a consacré bénévolement deux soirées estivales par mois à montrer aux visiteurs le lien entre l’astronomie et la respiration de l’océan. L’histoire des sciences n’a guère de secret pour lui. Lors d’expositions en médiathèques, il décrivait les maquettes d’instruments anciens réalisées par des membres de l’association et transportait son public dans un monde révolu où le Soleil, la Lune et les étoiles étaient les uniques repères de l’espace et du temps.
La passion de la collection
Il est aussi un grand collectionneur. De quoi ? De tout ! Il puisait dans la multitude de ces objets divers pour confectionner des maquettes, les agrémenter de petits personnages, transformer ses animations en jeux passionnants dont, des années plus tard, devenus adolescents ou adultes, ses élèves gardent un souvenir ébloui. Je me souviens de la fusée de Tintin, d’un minuscule cycliste pédalant grâce à l’énergie fournie par un panneau solaire, de ses concours de fusées à eau, du petit bonhomme dressé à la pâte à fix sur un globe terrestre, qui apparaissait ou disparaissait au gré de sa rotation… Mais il savait aussi se passer de support, capter l’attention et intéresser des publics improbables, des jeunes déficients sur le plan mental, ou des bébés en crèche qu’il initiait à l’orientation ! Au grand étonnement des assistantes maternelles, il arrivait même à envoûter les tout- petits qui demeuraient silencieux et bien éveillés, suivant du regard les mouvements lumineux sur le ciel du planétarium gonflable en écoutant sa voix adoucie…
Musique et photo
Frappé par la maladie quelques années avant sa retraite, il est devenu mal voyant, mais son courage indéfectible lui a permis de surmonter son handicap, déployant des trésors d’ingéniosité pour continuer de travailler et de vivre (presque) comme avant, aidé de ses « astronettes » pour le véhiculer. Prise fin mai 2018, sa retraite lui offre (enfin) le loisir de se consacrer à d’autres passions encore, la musique et la photo (!). Elles ne l’empêchent pas de conserver une disponibilité inépuisable à l’égard de tous ceux qui font appel à lui pour se faire expliquer des notions astronomiques ou encore pour la réalisation de maquettes, de schémas, la mise en station d’un télescope…
Cathy Constant-Elissagaray